Remis sur pattes

C’était une belle journée de freeride à La Clusaz. Flotter sans effort sur la poudre de janvier, quel pied ! Jusqu’à ce que je perde un ski dans un couloir anodin dont j’avais sous-estimé l’exposition. Saut de barre. Pas impressionnante vue d’en bas : trois à quatre mètres de haut. Réception sur la jambe gauche dans les cailloux. Mon fémur s’est encastré dans la tête du tibia, pulvérisant la partie externe. Fracture complexe du plateau tibial. Presque trois mois pour s’en relever. Un hiver confisqué. Un hiver en centre de rééducation, parmi les motards fracassés, les paraplégiques, les tétraplégiques, les victimes d’accidents vasculaires cérébraux, les papis et mamies qui ne tiennent plus tout à fait debout…

Radio réalisée cinquante jours après l'opération. Le chirurgien a reconstruit le plateau tibial en greffant un morceau d'os dévitalisé maintenu par une plaque et une douzaine de vis.

Interdiction de poser le pied au sol durant les cinquante jours qui ont suivi l’opération. Après quoi, des radios ont révélé que mon plateau tibial était en bonne voie de consolidation. Mon chirurgien m’a autorisé à reprendre appui progressivement sur ma jambe gauche. Quatre semaines pour se passer des cannes et retrouver une démarche correcte.

Les séances quotidiennes de kiné m’ont permis de récupérer l’extension complète de l’articulation. En revanche, la flexion bloque pour l’instant à 130°. Adieu les étirements talon-fesse. Pas vraiment handicapant. Reste à remuscler cette guibole atrophiée : ma cuisse est à peine plus large que mon genou ! Un travail qui devrait prendre plus d’un an. Ce blog s’arrête là. Peut-être renaîtra-t-il quand je tenterai de rechausser les skis.

L'arthromoteur Kinetec. Une sorte d'attelle articulée et motorisée qui me permettait de travailler la flexion du genou quand j'avais interdiction de poser le pied au sol.

"I want to ride my bicycle...", chantait Freddie Mercury. Je compte sur le vélo pour remuscler ma jambe gauche au cours des prochains mois. Grimper l'Izoard ou le Galibier, ça ne vaut pas du bon ski sur l'éperon de la Brenva. Mais c'est mille fois plus motivant que la salle de musculation.