Photo www.fredrikericsson.com |
Triste nouvelle provenant du Pakistan. Le skieur-himalayiste Fredrik Ericsson, 35 ans, s’est tué vendredi 6 août lors d’un assaut au K2 (8611m), dans le massif du Karakoram. Le drame s’est produit vers 8300m dans le Bottleneck, un couloir très raide que le Suédois gravissait en compagnie de Gerlinde Kaltenbrunner. « Fredrik essayait d’installer un relais dans des rochers, au bord du couloir, quand il a dévissé. Il n’a pas pu stopper sa chute », témoigne l’Autrichienne qui tentait de gravir son quatorzième sommet de plus de 8000m. En cas de succès au K2, elle aurait été la première femme à boucler le challenge des « quatorze 8000 » sans utiliser d’oxygène artificiel.
La chute fatale de Fredrik Ericsson s’est arrêtée au bout de 1000m. Peu après l’accident, un grimpeur russe posté au camp III (7200m) a repéré son corps immobilisé dans une pente de neige extrêmement avalancheuse. Joint par téléphone satellite, le père de Fredrik a demandé aux himalayistes sur place de ne prendre aucun risque supplémentaire et de laisser son fils reposer sur les flancs du K2.
Le skieur-aventurier suédois voulait réaliser la première descente à ski intégrale de la « montagne des montagnes », dans le cadre de son projet ambitieux de skier les trois plus hauts sommets de la planète : Everest, K2 et Kangchenjunga. Il comptait relever ce défi avec panache en concevant des expéditions légères voire minimalistes, sans porteurs d’altitude ni oxygène en bouteilles. L’été précédent, sa première tentative au K2 s’était déjà achevée tragiquement par la mort de son partenaire italien Michele Fait. Ce dernier avait chuté alors qu’il descendait à ski du camp II, sur l’éperon SSE.
Fredrik Ericsson, dit « Frippe », résidait dans la vallée de Chamonix depuis quelques années. Je ne le connaissais pas mais je l’avais croisé quelques fois dans le massif du Mont-Blanc, au printemps dernier. Il était aisément identifiable avec sa combinaison intégrale couleur pomme Granny, son large sourire « Ultra brite » calé sous son masque et ses skis Dynastar couverts d’autocollants à l’effigie de ses principaux sponsors.
Je me souviens de ce dimanche 16 mai 2010. Ce matin-là, les conditions de neige étaient fabuleuses dans le couloir des Cosmiques : au moins 50cm de poudreuse légère. Mes camarades et moi avions pu skier facilement le haut du couloir sans rappel, avant de patienter un petit moment aux côtés de Fredrik et trois autres riders. Le temps que les bancs de nuages se dissipent. Au pied de la pente, le brouillard m’avait coupé momentanément de mon groupe. Fredrik et ses amis m’avaient invité à les suivre sur la rive gauche du glacier des Bossons afin d'éviter que je me retrouve tout seul dans cette zone crevassée. Puis, ces excellents skieurs avaient poursuivis plus bas en direction du tunnel du Mont-Blanc, tandis que nous avions préféré traverser sous l’aiguille du Midi pour rejoindre la gare du Plan de l’Aiguille.
Ce 16 mai 2010, je l’ai appris plus tard en lisant le blog de Fredrik, c’était la veille de son départ pour la Suède en vue de parachever l’organisation de son expédition. Avant de s’envoler pour le Pakistan. Ce dimanche-là, dans la poudre du couloir des Cosmiques, l’homme qui voulait skier le K2 « from top to base camp » ignorait qu'il traçait ses adieux à la vallée de Chamonix.
Ci-dessous, deux petits films témoignant des tentatives à ski de Fredrik Ericsson au Dhaulagiri (8167m) en 2007 et au Kangchenjunga (8586m) en 2008 :
Sources :
http://www.fredrikericsson.com/http://www.explorersweb.com/everest_k2/ … p?id=19565
http://www.gerlinde-kaltenbrunner.at/en/category/expeditionstagebuch/k2-expedition-2010
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