lundi 14 avril 2014

Le Davin sinon rien

Voici la photo du couloir Davin, bordant le glacier du Casset, issue des 100 plus belles courses du massif des Écrins (Editions Denoël) de Gaston Rébuffat. L'histoire de ce couloir est singulière. Ici, il n'est pas question de rentiers britanniques se faisant tailler des marches par des guides de Zermatt ou Chamonix. C'est un prêtre local, l'abbé Davin, qui en réalisa seul la première ascension. Photo DR
J'ai retenu une information de mon escapade dans le bassin de Talèfre la semaine passée. Actuellement, il n'y a pas grand-chose d'excitant à skier dans le Mont-Blanc, du moins côté français. Et si j'allais glisser dans les Écrins ? Ce noble massif recèle un immense couloir qui, jadis, me fascinait. Le Davin me faisait une colossale impression quand, gamin, je randonnais en juillet dans le Parc National des Écrins. Observé de face, il apparaît comme un gigantesque toboggan vertical. Un été à Serre-Chevalier, j'avais entendu à la radio locale que des alpinistes avaient chuté dans ce couloir. Ils étaient morts. Ce drame avait gravé dans mon esprit que le Davin avait quelque chose de terrifiant.
Je n'avais alors aucune idée que cette pente se descend à ski au printemps. Avec son inclinaison raisonnable de 35 à 45 degrés sur 800 mètres, le classique Davin ne fait même pas partie du club des descentes les plus extrêmes du massif des Écrins. Peu importe que ce couloir ne soit pas le plus raide ni le plus technique du monde. Son aura rayonne bien au-delà de l'Oisans. Vingt années ont passé depuis ma rencontre marquante avec le Davin. Ce printemps, je voulais le skier plus que n'importe quelle autre ligne. Le Davin sinon rien !
Après avoir roulé 200 kilomètres vers le sud et essayé de dormir quelques heures dans ma Clio, j'ai remonté le "terrifiant" Davin de mon enfance, celui des 100 plus belles courses de Gaston Rébuffat. Inutile, mon piolet est resté arrimé au sac. Au sommet, j'ai retrouvé le bleu profond, infini, magnétique du ciel Écrins et son soleil surpuissant qui vous cuivre le visage. La neige variable (froide, ventée, dure, irrégulière, printanière...) a rendu la descente consistante. Du ski plus physique que technique. Pas le style que je préfère. Quelle importance ? Aujourd'hui j'ai skié le Davin, c'était cent mille fois mieux que rien.
Montée du couloir. Je me fais déposer par un gars plus en forme (et un second plus tard) qui me trace un confortable escalier.
Bientôt la sortie et le soleil. Presque 800 mètres de couloir dans le rétro.
Les Agneaux, le Noir et le Blanc, observés du col des Prés les Fonts.
Autoportrait dans l'unique étroiture du Davin (sortie directe). Malgré les nombreuses traces, ce passage restait skiable.
Le Davin vu d'en bas, beaucoup moins impressionnant que vu de face.
Pause à La Grave, sur la route du retour, pour saluer la reine Meije.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire